Surprise en pénétrant dans le Grand Théatre: la scène est totalement vide ! Tous les instruments et la sonorisation ont été installés en cercle au mileu de la salle. On dirait que le groupe a décidé de conserver la configuration de la tournée "Band In A Box" et de jouer avec le public autour de lui. Sympa, mais dans un grand espace comme celui-ci, il s'agit de se trouver au plus près des musiciens si l'on veut voir quelque chose. J'ai bien calculé mon coup et je me retrouve juste à coté de Stef Kamil Carlens. A presque 40 ans, l'Anversois conserve un air étonnamment juvénile et arbore son habituelle panoplie exotique: casquette, chemise africaine, pantalon framboise, chaussures blanches laquées, gris-gris autour du cou et des poignets. Les autres paraissent à l'aise mais concentrés, tournés vers l'intérieur du cercle et se regardant de ce fait mutuellement. Par rapport à une configuration classique où le groupe domine l'audience et lui fait front, cela change complêtement les règles du jeu. Une connivence inhabituelle se crée non seulement entre les musiciens, mais aussi entre les musiciens et les spectateurs. Les frontières censées séparer le groupe du public s'effacent et les deux ne font plus qu'un. Je suis si proche de Stef Kamil Carlens que je pourrais le toucher, tandis que de l'autre côté du cercle les deux choristes me font face. Il y a des signes, des regards, des mimiques, des sourires échangés. C'est une expérience totalement différente de ce qu'on a l'habitude de vivre en concert et ça me plaît BEAUCOUP. Ceci d'autant plus que Zita Swoon se révèle ce soir au meilleur de sa forme.
Le set commence en douceur avec "Thinking about you" ("A song about a girls") et navigue de manière inattendue dans la discographie du groupe, avec bien sûr de nombreux titres de la dernière période mais aussi quelques embardées inattendues vers des disques plus anciens (On aura même droit à "Moondance", période Moondog Junior !). Vers le milieu du set - était-ce sur "L'opaque paradis" ? - tout s'emballe brusquement. A partir de ce moment, le concert connait un crescendo irresistible et embarque tout le monde sur un bateau ivre dont le capitaine lui-même semble ignorer les limites. Lorsqu'arrive "Hot, Hotter, Hottest" on peut comprendre de quoi il retourme sans même en connaître le titre: il fait effectivement très chaud ! Cela ne semble pas affecter Stef Kamil Carlens qui en profite pour se se lancer dans une dance zoulou comme on n'en avait pas vue depuis Johnny Clegg. Je m'autorise encore un "Everything is not the same" carrément torride (Depuis que j"écoute "Big Blueville", j'imaginais ce qu'un titre de cet acabit pouvait donner en live: c'est encore mieux que ce que je pensais ! ) et je quitte malgré moi la salle au début du dernier morceau de façon à trouver une place à l'étage pour le concert de Russian Red.