Terrible cas de conscience à 23h45 ! Pas moins de trois concerts intéressants commencent au même moment: la suédoise Hello Saferide dans la petite salle du Grand Théatre, les danois Dúné à Vera (LA salle rock locale) et les Belges Das Pop - de retour après un long silence - au Simplon. Cette dernière salle étant la plus éloignée du centre, je tente Hello Saferide que j'avais loupé au dernier festival Spot. Mais une queue conséquente s'est formée à l'entrée du Grand Théatre: il y a au bas mot de 20 à 30 minutes d'attente. Trop long ! Je cours donc à Vera, situé à deux pas, pour Dúné que j'avais de toute façon très envie de revoir aprés leur enthousiasmant concert à Spot en juin dernier. Le groupe a le chic pour introduire ses concerts avec le petit gimmick qui tue. A Spot, c'étaient des percussions façon Tambours du Bronx. Ici, ce sont les deux guitaristes, l'un très petit, l'autre très grand, qui face à face installent un climat pesant. Ceci jusqu'à ce que les cinq autres membres du groupe envahissent la scène et que tout se libère dans une incroyable explosion d'énergie.
Car malgré des décennies de concerts en tous genres, je ne crois pas avoir jamais vu un groupe qui bouge autant sur scène que Dúné. La Mano Negra, à côté, c'était les Petits Chanteurs à La Croix de Bois ! L'extrême jeunesse des musiciens (17/18 ans) y est sans doute pour quelque chose: là où d'autres du même âge se défoulent en bondissant sur leur matelas avec une raquette en guise de guitare, eux font ça pour de vrai sur scène. Et je soupçonne fort ce joyeux délire d'être moins désorganisé qu'il n'y paraît au premier abord. Chaque personnage tient un rôle bien défini: le chanteur au visage angélique et aux cheveux blonds qui-fait-craquer-les-filles, le guitariste-robot qui plaque mécaniquement des accords sur son instrument, yeux fixes et dos raide, le joueur de claviers extraverti qui bondit dans tous les sens avec son Casio portable, escalade les baffles de retour en grimaçant et harangue la foule en faisant de grands gestes, sans oublier la craquante succube aux synthés, seule à rester immobile au milieu de cette folie furieuse, et qui d'un seul regard derrière sa mèche brune vous transforme en statue de glace.
Il y a comme une sorte de chorégraphie spontanée dans cette manière qu'ont les 7 musiciens d'occuper l'espace dans ses moindres recoins, de se rejoindre par couple ou par trio avant de se séparer de nouveau pour tenter d'autres combinaisons ou bien reprendre leur délire personnel. L'effet est celui d'un coup de poing dans le plexus. D'ailleurs le spectacle est aussi dans la salle, avec des spectateurs bouche bée et yeux écarquillés, s'échangeant des regards incrédules où l'on peut lire: "Non mais tu as vu ce que j'ai vu ?". Eh bien oui, on a vu ! C'est Dúné sur scène, et ce concert hollandais m'a encore plus impressionné que la première fois que j'avais vu le groupe ! Bon, tout ça c'est bien beau, me direz-vous, mais la musique ? Quoi, la musique ? Franchement, qu'est-ce qu'on en a à faire de la musique quand on a un show comme celui-là ? Le premier single officiel du groupe, "Bloodlines", nous propose une bombinette dynamique (forcément !), à la croisée du post-punk et de la new-wave. Sympathique, pour sûr, mais faut pas rêver: ce n'est pas demain la veille qu'on réussira à enfermer l'énergie insensée de Dúné dans une rondelle de plastique.
On peut écouter et télécharger plusieurs titres des premières démos de Dúné sur cette page.
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Achetez "Bloodlines".