A la question de savoir si j'ai vu Taxi, Taxi ! à Spot 2007, la réponse est oui, je les ai vues... le lendemain de leur concert, en train de faire du shopping dans les rues d'Aarhus tout en picorant des pousses de soja. Parce que le soir même où elles jouaient, c'était mission impossible. Le buzz autour des deux jumelles suédoises a fait son oeuvre: la salle était pleine et le service d'ordre ne laissait entrer les nouveaux arrivants qu'au fur et à mesure des sorties. Manque de bol, personne ne sortait, ce qui laisse à penser que ce qui se passait à l'intérieur n'était pas si mal. D'ailleurs, à défaut d'avoir l'image, on en reçevait quelques échos sonores, et ça paraissait effectivement très bien. Mais bon, il en fallait quand même plus pour me faire rester là alors qu'il se passait tant d'autres choses intéressantes ailleurs. Direction Train, l'une des deux salles "rock" de la ville, où se produit A Kid Hereafter. J'avais adoré leur premier album "Rich Freedom Flavour" et le clip de "Secret Service", déjà proposé ici, me laissait penser qu'on pouvait raisonnablement espérer passer un bon moment avec eux.
Et effectivement, dés que le groupe entre en scène, il se passe indéniablement quelque chose. Sur la droite, trois fées clochette pince-sans-rire, préposées respectivement au violoncelle, aux claviers et aux choeurs. Sur la gauche un tandem guitare-basse amateur de poses rock n'roll à trois balles et un batteur iggypopesque enfermé dans une cage de verre (il mord ?), tous élégamment vétu de joggings rose-fushia hormis le guitariste en total look cow-boy et le batteur déjà presqu'à poil. Au milieu, l'hallucinant Frederik Thaee, croisement improbable entre Valentin le désossé, Raspoutine et Barberousse le pirate ! Le problème avec A Kid Hereafter, c'est qu'ils n'arrivaient pas à se décider pour un style de musique bien particulier. Du coup, ils les jouent tous ensemble: pop, surf-punk, heavy-métal, reggae, hardcore, ska, prog-rock, rien ne les arrête, et hop ! une pincée de Supertramp par-ci, et zou ! une lichette de Queen par-là... Je sais bien, dit comme ça, ça fait un peu peur. Mais le vrai miracle de cette histoire, c'est que non seulement A Kid Hereafter arrive à tirer un résultat cohérent d'ingrédients aussi hétéroclites, mais que celui-ci se révèle en plus particulièrement goûteux. Le groupe dispose de trois atouts majeurs: un sens mélodique inné, un irrésistible sens de l'humour (avec une bonne dose de second degré), et une énergie scénique complêment débridée.
Dans ces conditions, difficile de résister. L'album, déjà, n'engendrait pas la mélancolie, mais c'est sur scène que A Kid Hereafter donne sa vraie mesure. La violoncelliste minaude, la choriste joue les Droopy, les gratteux évacuent leur trop plein de testostérone façon Spinal Tap, le batteur s'échappe de sa cage (il mord !) et au milieu Frederik Thaee qui fanfaronne, gesticule, court dans tous les sens, claque les mains tendues du public, agite frénétiquement sa tignasse et sa barbe rousse: un personnage ! Comme c'est le dernier groupe de la soirée, on a même droit - faveur rare dans ce festival - à un rappel: trois morceaux 100% hardcore (sans les fées clochette restées dans les coulisses). Wow ! le festival avait à peine commencé et j'avais déjà eu droit à l'un des meilleurs concerts que j'ai vu depuis des lustres ! Bon, c'était décidé: j'allais rester les deux jours suivants.
A revoir: le clip de "Secret service"