Le concert de When Saints Go Machine avait lieu à Simplon, l'une des rares salles un peu excentrée du festival, et je pique un sprint dans les rues de Groningen pour ne pas être trop en retard à celui des belges School Is Cool qui jouent à Vera, la boite rock du coin. S'il est assez facile d'accéder aux salles le jeudi, la tâche se révèle bien plus compliquée le vendredi, lorsque le gros du public a investi la ville. La queue qui s'étire devant la porte à mon arrivée - alors que le concert a déjà commencé - laisse peu d'espoir de pénétrer à l'intérieur. Faute d'avoir suffisamment potassé le programme avant de partir, j'hésite sur un plan B... La suédoise Jennie Abrahamson au Spieghel ou les italiens The Jacqueries à la Muziekschool ? Finalement, je choisis ces derniers: j'en ai un peu soupé des chanteuses suédoises, la Muziekschool est un chouette endroit, et je garde un très bon souvenir du concert des italiens Julie's Haircut il y a deux ans. La salle est presque vide quand j'arrive. Le groupe fait son soundcheck: cinq garçons proprets appliqués sur une pop-rock poussièreuse. Il y a quelques jolies envolées de guitare, mais ce n'est pas suffisant pour me donner envie de rester. Retour à Vera. Au moins, je ne serai pas en retard pour les Bewitched Hands. Hé, c'est quand même la première fois qu'un groupe rémois se produit à Eurosonic: il n'est pas question de louper ça ! Les spectateurs de School Is Cool se déversent dans la rue. Effectivement, c'était blindé et bien peu restent pour le groupe suivant. Dommage, les deux concerts semblaient pourtant faits pour intéresser un même public. Les Bewitched se mettent en place, et lorsqu'ils commencent à jouer une demi-heure plus tard, c'est la déception: la salle n'est qu'à demi-pleine et les spectateurs peu enclins à manifester un minimum d'enthousiasme devant ces Frenchies. Pour résumer les choses rapidement: c'est tiède et ça va le rester. Il faut dire que les Bewitched ont fait le job correctement, mais sans plus. On était loin des concerts-communion auxquels j'avais assisté précédemment en live ou sur le net. Il a manqué le petit truc en plus, l'étincelle qui fait qu'un groupe va chercher une salle au départ réticente pour l'emporter avec lui. Etre bon n'était pas suffisant ce soir-là à Vera.
The Bewitched Hands sur Soundcloud.
De Spieghel est habituellement un club de jazz, mais pendant le festival, comme partout à Groningen, on y programme du rock. C'est dans la petite salle du premier étage que se produisent les danois The Rumour Said Fire. Le quintet avait créé la surprise dans son pays fin 2009 en devenant N°1 avec "The Balcony", ritournelle folk enlevée à deux voix façon Simon & Garfunkel. Quelques mois plus tard, The Rumour Said Fire était élu "Groupe de l'année" lors des Victoires de la Musique locales. Depuis, un album réussi ("The arrogant") était venu élargir la palette des danois en ajoutant à leurs ballades acoustiques quelques titres plus électriques. C'est d'ailleurs toutes guitares branchées qu'on découvre les cinq musiciens sur la scène format boite d'alumettes du Spieghel. Le son reste léger, l'ambiance décontractée et chaleureuse, néanmoins on se demande ce qui a pu susciter un tel engouement au Danemark pour un groupe certes sympathique mais en manque singulier de relief et de personnalité. Les chansons défilent, c'est plutôt agréable à écouter en sirotant sa bière, on admire la belle Fender Jaguar vintage du chanteur, c'est bien, ça repose des émotions fortes. De là à les catapulter N°1.....