Je crois avoir rarement entendu un début d'album aussi impressionnant que celui de "Konkylie", premier lp des danois When Saints Go Machine. Comment qualifier en effet le morceau qui en fait l'ouverture et lui donne son titre ? On a tout d'abord l'impression d'entendre le chant d'un grillon un jour de vent et de pluie, et puis il y a cette voix irréelle qui arrive sur une mélodie enluminée aux tonalités médiévales. Tout de suite le décor est planté: on est ailleurs, sur une lande brumeuse peut-être, à cette heure indécise où disparaît le jour. Le pouvoir d'évocation de la musique de When Saints Go Machine est fort et il y a longtemps qu'un disque d'électro-pop ne m'avait autant touché. Peut-être parce que celle de When Saints Go Machine s'écoute plus qu'elle ne se danse, évoquant - à sa manière - des précurseurs comme John Foxx ou David Sylvian. Et puis il y cette voix... LA voix, celle de Nikolaj Vonsild qu'un critique de Popmatters a classifié assez justement entre Anthony Hegarty, sans le mélo, et Andy Bell (Erasure), sans le kitsch. A ceux qui se seraient demandés d'où ce chant si haut-perché pouvait bien venir, la réponse apparaît comme une évidence lorsque le groupe entre en scène: il arrive de deux mêtres au dessus du sol. Nikolaj Vonsild est un gentil géant blond, aussi mince qu'il est grand. A ses côtés, deux musiciens aux claviers, laptops et autres engins électroniques, et derrière, le batteur.
Durant 45 minutes When Saints Go Machine a interprété une bonne partie de son premier album. La magie qui s'en dégage opère d'autant plus en concert, portée par la puissance du son et la présence magnétique du chanteur. Nikolaj Vonsild ne joue pas, ne triche pas, il habite ses chansons avec une touchante intensité, arc-bouté sur son pied de micro, insensible à tout ce qui se passe autour. Eclairé par l'arrière dans cette salle basse de plafond du Simplon, on ne voit de lui bien souvent qu'une ombre émergeant d'un puit de lumière et c'est comme si cette musique étrange et envoûtante était l'oeuvre de bienveillants fantômes. Sur le répertoire irréprochable de "Konkylie", When Saints Go Machine n'avait pas grand chose à faire pour gagner la partie: ils ont donné plus qu'on pouvait espérer. Grand groupe. Grand concert.
When Saints Go Machine: "Add ends" (courtesy of groovemine.com)
When Saints Go Machine: "Kelly" (courtesy of groovemine.com)
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