J'ai comme une impression de déjà-vécu en arrivant devant la scène du "Foyer" pour le concert de The Kik. Deux ans plus tôt j'y avais vu les mêmes musiciens (ou presque) sous le nom de The Madd. Il s'agissait alors d'un groupe tendance garage (beaucoup) et merseybeat (un peu): costards cintrés, instruments vintage et inspiration du même métal. Du revival, mais du bon, avec un répertoire aux petits oignons, de l'énergie à revendre et une bonne dose d'humour pour faire passer le tout. Avec The Kik, c'est merseybeat, un point c'est tout. Ou plutôt Maaseybeat du nom de la rivière ("Maas") qui coule à Rotterdam où ces zozos sont basés. Impeccable dans son costume crème d'époque, le chanteur et guitariste gauche-patte Dave Von Raven n'est jamais en retard d'une bonne vanne pour amuser le public (sauf votre serviteur qui n'y comprend que couic !). Les morceaux sont courts, accrocheurs et prestement envoyés. Tout ça est bien agréable en concert, mais je ne suis pas sûr que j'irais jusqu'à acheter les disques, alors que j'avais tous ceux - bon, ok, il n'y en a que deux ! - de The Madd.
Direction le sous-sol pour le concert de Light Light programmé dans l'exiguë et étouffante Kelder Zaal. Light Light est un nouveau projet réunissant le duo orgue-batterie zZz et Saelors, couple d'Amsterdam encore débutant. Drôle d'association: Il n'y pas grand chose de commun en effet entre les flibustiers mal rasés de zZz et les jeunots - une fille, un garçon - de Saelors, lookés comme dans une pub Kooples. En ce qui concerne la musique, ce n'est pas mieux. On se demande ce que viennent faire là les belliqueux zZz (que j'avais vu démolir à la hache un orgue Hammond quelques années plus tôt), sous-employés dans cette new-wave trop policée et sans grande originalité. Les morceaux défilent sans laisser de trace, on s'occupe comme on peut, en essayant de prendre quelques photos ou en regardant la chanteuse, blanche Ophélie immobile au milieu de la scène. Comme à tous ses défauts la Kelder Zaal ajoute celui d'un son assez exécrable, il ne sera peut-être pas inutile d'écouter l'album (annoncé pour bientôt) histoire d'en avoir le coeur net.
Light Light: Guru
(Light Light live @ La Haye, photo: Joop van Nimwegen)
Je quitte sans regret les bien-nommés Light Light avant la fin de leur concert. Direction la "Bovenzaal" au premier étage où joue Hospital Bombers. Je n'avais jamais entendu parler jusqu'ici de ce quintet d'Amsterdam, mais le fait qu'ils ont signé chez Excelsior, le principal label indépendant néerlandais, est plutôt de bonne augure. Tout comme la présence de la violoniste Suzanne Linssen, ex-Seedling, un groupe qui avait fait les belles heures de Rockomondo au début des années 2000. Chez Hospital Bombers, on ne se la pête pas. Le chanteur Jan Schenk explique volontiers que c'est leur incapacité commune à maitriser leur instrument - sauf la violoniste, de formation classique - qui a réuni les membres du groupe, et que le fait de ne connaître que deux accords a bien simplifié le processus d'écriture. Il n'en fallait pas plus pour une formation qui qualifie elle-même sa musique de "Stadium-folk" ou de "Pop-yogurt". Aux critiques qui comparent volontiers Hospital Bombers au Velvet Underground, je préfère de loin la description de leur maison de disques les présentant comme un cocktail de Camper van Beethoven, de Jonathan Richman et du Muppet Show. Sur scène, les cinq musiciens - en no-look généralisé - affichent une joviale décontraction et leurs chansons bricolos font mouche neuf fois sur dix. Il leur manque peut-être, pour convaincre tout à fait, ce petit grain de dinguerie qui fait le charme des Camper ou de They Might Be Giants, autre groupe auquel celui-ci fait parfois penser. Au final, un concert qu'on ne peut faire autrement que de qualifier de "sympathique". On passe un très bon moment, mais pas sûr qu'on s'en souvienne encore à la fin de l'année.