Après avoir manqué - bien contre mon gré - le jubilé d'argent du festival Eurosonic/Noorderslag en 2011, j'étais bien décidé à rattraper le temps perdu cette année. Parmi les 293 groupes (!) à l'affiche, je n'en connaissais qu'une petite trentaine mais c'était déjà largement suffisant pour occuper quatre soirées, en commencant par les huit qui figuraient dans le top 30 2011 de Rockomondo et que j'étais très impatient de découvrir sur scène.
En un quart de siècle, le festival Eurosonic/ Noorderslag a évolué de manière impressionnante. Ce qui n'était au départ qu'un simple tremplin de groupes locaux (Noorderslag) sur une seule journée est devenu aujourd'hui un évènement majeur du rock Européen, à la fois destiné au professionnels (C'est là que les programmateurs des festivals estivaux viennent faire leur marché) et au grand public (30.000 personnes en 2012, ajoutées aux 3000 professionnels). Depuis trois ans le succès du festival dépasse même les prévisions les plus optimistes: toutes les places de l'édition 2012 mises en vente sur internet le samedi 18 Novembre à 10 heures du matin avaient disparu dix minutes plus tard ! Pour autant, Eurosonic a su garder taille humaine. Répartis sur une trentaine de scènes en différents lieux du centre ville de Groningen (Théatres, Centre culturels, cinémas, écoles de musique, brasseries, bars, et même cette année, églises) les concerts sont suffisamment nombreux simultanément pour que - en règle générale - les spectateurs n'y soient pas trop compressés. Et pourtant, la journée du mercredi (une nouveauté de cette édition) allait faire exception à cette règle. Avec seulement quatre scènes disponibles, impossible d'éviter la saturation dans les salles, et ceci bien que la grande majorité du public ne soit pas encore arrivée. Pour inaugurer l'évênement, direction De Spieghel, un bar musical où jouent les Norvégiennes Razika.
Razika, ce sont les anti-Plasticines. Oubliez les effets des mèche et les looks trendy avec ces quatre girls-next-door de Bergen, moyenne d'âge 19 ans. Mis à part la chanteuse en jupe cintrée-chemisier blanc, les autres donnent plutôt dans les slims rapés, les T-shirts noirs et les bombers. Mais avant même qu'on ait pu penser "riot grrrls", les premières notes de musique vient démentir cette impression. Le son de Razika, c'est comme une bulle de malabar: ça fait "Pop" et c'est tout rose. Un festival de ritournelles accrocheuses au fort parfum early-sixties soulignées de guitares aigrelettes, une basse élastique et des rythmes sautillants empruntés au ska, le tout sur des textes chantés alternativement en anglais et en norvégien. Et en prime, histoire de payer son tribut aux anciens, une reprise du beat-group norvégien N°1 des 60's, The Pussycats. Réjouissant, frais, et moins futile qu'il n'y paraît: quelques morceaux plus mélancoliques pourraient indiquer une intéressante direction à suivre dans le futur.
Cette excellente entrée en matière méritait d'être appréciée à sa juste valeur car la suite de la soirée allait tourner court. J'avais fait l'erreur de quitter De Spieghel pour assister au concert de Eins, Zwei Orchestra, duo shoegaze néerlandais dont le premier album "100 colors" avait été abondamment programmé dans Rockomondo l'année passée. Pas de chance, l'heure du spectacle avait été avancée et tout était déjà terminé à mon arrivée. Lorsque je suis revenu à De Spieghel - cette fois pour les finlandais de French Films - une file interminable s'étirait devant la porte. Chances d'entrée - sur la base de un(e) dehors/un(e) dedans - quasiment nulle sachant que De Spieghel possède deux scènes, une au rez-de-chausée et une à l'étage, et que le public passe de l'une à l'autre sans jamais sortir. Mais j'étais de toute façon cassé par 600 km de route. J'ai terminé la soirée en grignotant des fricandelles devant de vieux épisodes de "Sauvés par le gong" avant d'aller me coucher. Les choses sérieuses commençaient le lendemain et mieux valait être reposé.
Razika sur Soundcloud: http://soundcloud.com/Razika
Critique de l'album "Program 91" (en anglais): http://pitchfork.com/reviews/albums/15730-program-91
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(Photo: Rockomondo)