Il y a près de dix ans que
Finn Coren travaillait sur ce projet de mettre en musique la poésie de son compatriote Olav H. Hauge. Mais une méchante maladie et l'ampleur de la tâche en avaient sans cesse retardé l'aboutissement. Maintes fois repoussé, annoncé en dernier recours pour l'automne 2006, ce n'est que maintenant qu'on peut finalement découvrir le résultat de ces longues années de travail. Et l'attente en valait la peine. Déjà connu pour sa mise en musique des poèmes de W.B. Yeats et de William Blake, Finn Coren a de manière évidente beaucoup investi dans ce projet. A-t-il craint pour sa vie pendant sa réalisation ? Lui seul pourrait le dire, mais à l'écoute de ces deux CDs de plus d'une heure chacun, on a souvent l'impression qu'il a enregistré cet album comme s'il pouvait être le dernier, en donnant tout ce qu'il pouvait donner. Parfois, il ne chante même plus, disant simplement les textes par dessus la musique d'une voix qui semble à quelques occasions prête à s'éteindre totalement, et c'est poignant. Pour habiller ces très beaux textes - heureusement traduits en anglais dans le livret -, Finn Coren a fait appel à une quinzaine de musiciens venus d'horizons les plus divers et créé des arrangements à la fois riches et variés, allant du rock très électrique de "Eit tre i brand" jusqu'au
Philly Sound sophistiqué de "Vaarkjening II" en passant par la pop néo-psychédelique de "Sju vindar" et "William Blake". Le plus souvent cependant, c'est sur un lit de ballades acoustiques ourlé de cordes, de cuivres et de choeurs féminins qur Finn Coren nous offre de découvrir, dans cette rugueuse langue norvégienne un peu difficile à apprivoiser lors des premières écoutes, la poésie de Olav H. Hauge. Si le but était de nous la faire aimer, c'est réussi. Après avoir écouté l'album, on n'a qu'une envie: se plonger plus à fond dans l'oeuvre du poète. Mais on a aussi le droit - même si c'est dommage - de se ficher comme d'une guigne de cette dernière. La poésie, ici, est aussi dans la musique.
FINN COREN : "
Vinternatt" (extrait de "I draumar fær du", 2008)
Décédé en 1994, Olav H. Hauge est considéré aujourd'hui comme l'un des plus importants poètes norvégiens contemporains. De toute sa vie, il n'a jamais quitté sa petite ville de Ulvik où il exercait la profession de producteur de pommes. Il a également traduit de nombreux poètes en norvégien. Sa poésie épurée, souvent inspirée par la nature et facile d'accès a été traduite pour la première fois en français l'année dernière ("Cette nuit l'herbe est devenue verte", Editions Rafael de Surtis, 7 rue Saint-Michel, 81170 Cordes-Sur-Ciel).
Tel est le rêve
Tel est le rêve que nous partageons
Quelque chose de merveilleux va arriver
Qui doit arriver...
Le temps va s'ouvrir
Le coeur va s'ouvrir
Les portes vont s'ouvrir
La montagne va s'ouvrir
Les sources vent jaillir
Le rêve va s'ouvrir
Un beau matin nous glisserons
Sur une vague que nous ne connaissions pas.
(Traduction: Eva Sauvegrain et Pierre Grouix)
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