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Après l'envoûtement d'At The Close Of Everyday, que faire ? Essayer peut-être d'aller voir Racoon qui vont occuper dans quelques minutes la plus grande salle de l'Oosterpoort ? J'avais découvert Racoon il y a près de dix ans sur une compilation intitulée " Characters: singers and songs", destinée à promouvoir de jeunes artistes néerlandais débutants dans la veine " singer-songwriter". Racoon y contribuait avec deux jolis morceaux proches de REM dans leur veine la plus acoustique. En fait, leur participation à cette opération visait surtout à bénéficier des subsides du ministère de la culture et de l'effet promotionnel qui allaient avec. Dès la fin de la tournée accompagnant la sortie du disque, ils laissaient définitivement tomber leurs déguisements de folksingers et redevenaient ce qu'ils avaient toujours été: un groupe de rock. Cette petite supercherie leur a été bénéfique, semble-t-il, car aujourd'hui, la plupart des artistes présents sur "Characters" ont plus ou moins disparu, tandis que Racoon sont devenus de véritable stars locales. J'en ai la preuve lors de ce concert: alors que la salle semble déjà pleine à craquer, le public - de plus en plus chaud à cette heure avancée - continue à entrer et tangue en vagues incontrôlables. Je me fais joyeusement bousculer, piétiner, asperger de bière, et tandis que sur scène Racoon déroulent un rock plutôt banal avec leur chanteur fier-à-bras qui roule des mécaniques, je me dis qu'aller voir ailleurs serait peut-être une bonne idée.
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Au moins je serai à l'heure pour ce qui sera - retour le lendemain oblige - mon dernier concert du festival, The Suicidal Birds. Soit deux filles, Jessie ( chant et guitare) et Chay ( basse), originaires de la Frise, la région la plus rurale et la moins peuplée des Pays-Bas où elles vivent dans une maison solitaire, au milieu de nulle-part. Leur nom leur a d'ailleurs été inspiré par les oiseaux qui viennent régulièrement se fracasser sur leurs fenêtres. A part ça, The Suicidal Birds jouent du rock n'roll. Du vrai. Du cru. Du saignant. Jessie a l'air de n'avoir pas mangé à sa faim depuis des lustres et de n'avoir pas aperçu le soleil depuis bien plus longtemps encore. Au jeu du portrait chinois, si c'était un animal, ce serait un chat de gouttière. Et sa musique lui ressemble. Elle vient des caves, des arrière-cours et des caniveaux: primitive, violente, décharnée, pas aimable. Jessie la défend comme si elle défendait son territoire. Elle crache, elle siffle, elle griffe, elle mord. Planquez vos abattis, The Suicidal Birds ne plaisantent pas !
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Leur album " Z-list" ( Transformed Dreams), enregistré par Jessie toute seule en super lo-fi avec les potars dans le rouge du début jusqu'à la fin remettait déjà sérieusement les choses à leur place, mais c'est évidemment sur scène que la musique des Suicidal Birds prend tout son sens. Aprés une demi-heure à nous balancer pied au plancher ses courts morceaux comme autant de gifles cinglantes en pleine figure, Jessie un peu hébétée quitte la scène en titubant dans le public qui l'entoure, la congratule, veut la toucher, la serrer dans ses bras, l'embrasser. C'était mon dernier concert du festival. Je n'étais pas venu pour rien.
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THE SUICIDAL BIRDS : " Summersetsun"
THE SUICIDAL BIRDS : " One music session " ( super session de quatre morceaux enregistrée pour la BBC, fichier zip, cliquer une fois à gauche, puis choisir " Free", le téléchargement commencera après une trentaine de secondes)
THE SUICIDAL BIRDS : " Another day" ( en écoute, avec un son gravement pourri)
THE SUICIDAL BIRDS : " Me animal" ( idem que le précédent)
Achetez l'album de The Suicidal Birds.
Merci à http://theperfumedgarden.blogspot.com pour la session radio.