Originaire de Porto, Manuel Gomes Coehlo Pinho da Cruz (on va l'appeler Manel Cruz comme tout le monde) est un musicien à la réputation bien établie dans son pays. Depuis le début des années 90, il a fait partie de nombreux groupes comme Ornetos Violeta, Pluto ou Supernada, tous inconnus - à juste titre pour ce que j'ai pu en écouter sur MySpace - sur nos tablettes.
Avec
Foge Foge Bandido, c'est une toute autre histoire. Il y a plus de dix ans que Manel Cruz travaille sur ce projet solo hors du commun qui a trouvé son aboutissement en octobre 2008 avec la parution du double-album "O Amor, dá-me tesāo / Nāo fui en que estraguei". Un double-album ? Oui, mais pas seulement, car les deux CDs sont encartés dans un luxueux livre d'art: 140 pages reliées de toile rouge et protégées par une épaisse couverture cartonnée. On y trouve la totalité des textes des chansons illustrés par les dessins et collages de Manel Cruz (car notre homme touche aussi aux arts graphiques), mais aussi un inventaire photographique exhaustif de tout le matériel utilisé pour la réalisation des albums: cassettes et minidiscs par dizaines, cahiers couverts d'accords, de textes, de croquis et d'idées les plus diverses, sans oublier la photo des différents participants et de tous les instruments. Une plongée passionnante dans le bouillonnement d'un cerveau créatif.
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(Foge Foge Bandido, 1ere édition dite " à la reliure noire")
Alors bon, tout ça c'est bien beau, me direz-vous, mais la musique ? C'est ici que la tâche se complique sensiblement car la musique de Manel Cruz est tout ce qu'on veut sauf facile à décrire. Sachez quand même que chaque CD rassemble quarante pièces sonores allant d'une durée de trois secondes (!) à cinq minutes trente, musicales ou non, toutes enchainées les unes aux autres en un flux continu. On y trouve des chansons bien sûr, mais aussi beaucoup de sons collectés (bruits de la rue, de radio, de conversations, extraits d'archives sonores) et des pièces plus expérimentales, collages de sons ou interludes musicaux. Imaginez le "Number 9" des Beatles entrecoupé de chansons d'Os Mutantes, le tout agrémenté par quelques touches de Kevin Ayers, de Tom Waits, de Cornélius, de Zita Swoon, voire de..., euh... Lo'Jo (?)... et vous aurez une petiite idée - quoique très approximative - de quoi il retourne. En fait la musique de Foge Foge Bandido ne ressemble à rien, ou bien à tellement de choses que cela en revient au même. Elle offre en tout cas une sacrée bouffée d'air frais dans le paysage musical actuel, souvent navrant de conformisme. Sorti à 1100 exemplaires l'automne dernier, le premier tirage de "O Amor, dá-me tesāo / Nāo fui en que estraguei" a été épuisé en quelques mois. Un second tirage est aujourd'hui disponible. Ca coûte bonbon (d'autant plus que les frais d'envoi pour expédier ce pavé ne sont pas donnés), mais on en a pour son argent. Promis.
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FOGE FOGE BANDIDO :"
Diz-me se aprovas" (extrait de "O Amor, dá-me tesāo")
FOGE FOGE BANDIDO : "
Insónia" (extrait de "O Amor, dá-me tesāo")
FOGE FOGE BANDIDO : "
Fechado para obras / Dans une autre vie misérable" (extrait de "O Amor, dá-me tesāo")
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MySpace (non-officielle) de Foge foge Bandido
Voir aussi la page
Wikipedia qui lui est consacrée (en portugais)
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O Amor, dá-me tesāo / Nāo fui en que estraguei"