C'est à Vera, LA vraie salle rock de Groningen - les autres ne le sont que le temps du festival - que se produisent les norvégiens de The Grand. Je n'avais jamais entendu parler d'eux auparavant mais dans cette tranche horaire où la concurrence est faible, pourquoi ne pas tenter le coup ? On nous annonce un groupe de blues rock électrique nostagique des seventies, et dans le même genre je garde un excellent souvenir de BigBang, eux aussi norvégiens. Sur scène, on croirait assister à un vide-grenier pour musicien maniaque: quelques Hiwatt hors d'âge, un orgue Hammond aussi gros que le bahut de ma grand-mère, un Fender Rhodes vintage, des guitares ayant manifestement déjà bien vécu (quoique... à présent on vend des guitares neuves artificiellement vieilies). Ces gars-là auraient les cheveux longs que ça ne m'étonnerait pas. Tout faux ! Non seulement les musiciens de The Grand ont le poil court, mais ils sont aussi beaucoup plus jeune que je me les étais imaginé. Leur musique par contre affiche clairement un âge et des références (Mountain, BBA) qui en 2008 ont bien du mal à trouver un écho chez moi, même faisant fonctionner à fond l'effet nostalgie.
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(The Grand @ Vera, 10.01.08, photo: rockomondo) D'accord, les musiciens sont bons et déploient une belle énergie, mais contrairement à BigBang qui s'appuie sur des compositions sans faille, ici c'est le répertoire qui fait défaut. Dés le second morceau, les voilà qui s'embarquent dans une interminable jam-session: l'orgue gronde, le guitariste enfile ses solos et moi, je m'ennuie ferme. Lorsque je partirai, ils y seront encore. Je lirai plus tard que The Grand est également coutumier des solo de batterie de dix minutes: j'aurai au moins échappé à ça ! A postériori, je m'appercevrai que - là encore - j'avais fait le mauvais choix: le lendemain tout le monde me parlera de la prestation paraît-il enthousiasmante des suédois Friska Viljor qui passaient au même moment (et dont je ramènerai quand même le très bon album modestement intitulé "Bravo !").
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De l'Autrichien Florian Horwath avec lequel j'ai refermé cette première soirée de festival mi-figue mi-raisin, je ne garde que peu de souvenirs. La seule chose dont je me rappelle distinctement, c'est de cet instrument bizarre qu'il utilisait et dont voici la photo:
Aujourd'hui encore, ça m'intrigue, mais je suis sûr que quelqu'un va me dire en commentaire de quoi il s'agit. Quand à Horwath lui-même, j'ai été plutôt agréablement surpris lorsque j'ai ré-écouté par la suite ses chansons sur son site internet. Mais ce soir-là, il se faisait tard et la lassitude commençait à se faire sentir. Dommage pour cet ami de Peter Von Poehl et des Cardigans.
FLORIAN HORWATH: "When the light comes around" (extrait)
FLORIAN HORWATH : "Johnny" (extrait)
FLORIAN HORWATH : "Codeine" (extrait)
Le lendemain, un petit tour à Plato pour commencer l'après-midi. Encore une fois je manque Friska Viljor qui passait à midi, je zappe volontairement les néerlandais Voicst que je comptais bien revoir le lendemain soir à Noorderslag (la suite prouvera que j'aurais mieux fait d'assurer le coup sans attendre) et j'arrive juste à temps pour le set d'Audiotransparent. Leur concert à De Spieghel il y a deux ans avait été l'un des meilleurs d'Eurosonic 2006 et j'étais très impatient de les revoir. Je ne serai pas déçu. Dans un environnement difficile (confort spartiate, éclairage au néon, sonorisation minimale), le quintet va m'offrir ma première véritable émotion du festival. Et ceci sans que je connaisse - hormis le dernier - un seul de ces morceaux qu'ils jouent sur scène pour la première fois et qui doivent figurer sur leur prochain album. Mais Audiotransparent à la grâce. Il se dégage une alchimie très spéciale de ces cinq garçons, une harmonie hors du commun qui trouve son apogée en un moment magique, lorsque le batteur et le bassiste rejoignent le reste du groupe au premier plan pour chanter en choeur avec lui. Alors on se dit que ce long voyage jusqu'à Groningen trouve enfin ici sa justification, que pour cette trop courte demi-heure, les déceptions successives de la veille sont d'un seul coup effacées. Et que non, décidément, on n'est pas encore blasé, qu'une simple chanson peut encore nous faire dresser les poils sur les bras, que ces émotions-là, enfin, on n'est pas près de les laisser tomber.
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(Audiotransparent @ Plato, 11.01.08, photo: rockomondo) AUDIOTRANSPARENT : "Hands and fields" (Dutch Indie singles Club)
AUDIOTRANSPARENT : "December radio" (single)
AUDIOTRANSPARENT : "Old man" (Reprise de Neil Young, Coverclub)
D'autres morceaux d'Audiotransparent sont disponibles sur la page que j'avais précédemment consacré au groupe.
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