Quoi de mieux pour refermer ce festival qu'un concert de 18th Dye ? S'il y a un groupe que je pensais ne jamais voir sur scène, c'est bien celui-là: plus de nouvelles depuis 1995, date de leur dernier album "Tribute to a bus", et des musiciens impliqués dans leurs projets personnels respectifs qui semblaient parfois fort loin de leur groupe originel (l'électro de Test)... Alors, qu'est-ce qui les a poussé à se reformer après plus de dix ans d'absence ? Sans doute pas, comme beaucoup d'autres, l'opportunité de regarnir leurs portefeuilles: 18th Dye - malgré un noyau de fans purs et durs - n'a jamais connu qu'une très relative notoriété. Peut-être simplement le plaisir de se retrouver pour jouer à nouveau la musique qu'ils aiment ? Car contrairement à leurs collègues Speaker Bite Me, dont la reformation récente s'apparente à une nouvelle naissance, le trio germano-danois reprend les choses à l'endroit exact où il les avait laissées en 1995. Un concert de 18th Dye, c'est une virée nostalgique en chronosphère, manettes bloquées sur le début de la décennie 90, les années glorieuses du noisy-rock américain façon Sonic Youth, Hüsker Dü ou Pixies. D'ailleurs toute la vieille garde du rock danois est là, au premier rang du public, de Jim Holm (qui enregistra le groupe sur Cloudland) à Nikolaj Nørlund (leur ex-compagnon de label), en passant par Jesper "Yebo" Reginal (le Grand Mogol de Crunchy Frog).
Il n'aura pas fallu longtemps aux musiciens de 18th Dye pour retrouver leurs marques. C'est soudés et au meilleur de leur forme qu'ils apparaissent ce soir. Piet Breinholm Bendtsen a sorti sa frappe sèche et cinglante des grands jours, les deux autres taillent dans le vif, nerveux, précis, mordants. L'électricité est presque palpable. Pour un peu, on s'attendrait à voir jaillir des étincelles des amplis et des instruments. En ce qui concerne le répertoire, J'ai toujours un peu de mal à me rappeler les titres des morceaux dans le feu de l'action. Mais je sais que tous les classiques des deux albums sont de la partie, y compris mon préféré, "Whole wide world", vieux de 15 ans et toujours aussi terrassant . Les nouveaux morceaux s'intègrent parfaitement aux anciens, signe qu'ils sont au moins aussi bons, mais qu'il ne faudra sans doute pas s'attendre à de grands bouleversements sur l'album qu'18th Dye est en train d'enregistrer. Personnellement, ça me va très bien comme ça. Quand on est les meilleurs dans sa catégorie, pourquoi irait-on faire le zouave sur la pelouse des voisins ? Anachronique, le noisy-rock de 18th Dye n'en est que plus précieux. Qui d'autre aujourd'hui serait capable de nous faire ce genre de musique avec une telle maîtrise et une telle efficacité ? Uh ? Des noms ?
Ecoutez 18th Dye sur leur page MySpace.
Après ce rêve devenu réalité, je pouvais mettre sans regret un terme à ce festival Spot 2007. En deux jours (+ la soirée d'ouverture), j'avais vu - en totalité ou partiellement - 24 concerts et vibré à beaucoup d'entre eux. Le prochain Spot aura lieu les 5, 6 et 7 juin 2008. J'y serai.