Pour inaugurer le festival officiel, mon idée était de déroger à mes principes et d'aller voir pour une fois... un groupe britannique. Mais pas n'importe quel groupe: celui qui fait le buzz actuellement, celui dont tout le monde parle: The XX ! J'aimais bien l'idée d'être peut-être le seul dans le public à ne rien savoir de ce que je venais voir, à aborder ce groupe avec des oreilles vierges et sans idées préconçues. OK, j'avais bien bien prévu qu'il y ait du monde, voire même beaucoup de monde à ce concert, mais peut-être pas AUTANT de monde ! En arrivant devant le Stadschouwburg vingt-cinq minutes à l'avance, c'est déjà une file interminable qui serpente le long de la rue: à croire que la moitié des festivaliers se sont donnés rendez-vous ici ! Comme quelques éclaireurs reviennent en annoncant que la salle est déjà pleine, j'abandonne et adopte le plan B: aller voir les suédois Royal Republic, des inconnus ou presque puique leur premier album ne sort qu'après le festival. Mais j'avais bien aimé sur MySpace leur petits brûlots punkoîdes "All because of you" et "Walking down tthe line", et la voix du chanteur qui me rappelle celle de...celle de qui au fait ? Quoi qu'il en soit, ce quatuor de Malmö pouvait bien se révéler une bonne surprise. Raté ! En fait. Royal Republic est un gentil petit groupe de punk propret aux préoccupations très "American pie" et dénué du moindre charisme. Le bassiste et le guitariste on beau se camper les jambes écartées et agiter frénétiquement la tête ils ne suscitent - au mieux - qu'un léger amusement. Comme le son laisse de plus fortement à désirer, trois morceaux suffisent pour me faire une idée.
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Allez hop ! Direction le Grand Théatre pour tenter l'expérience des Norvégiens Wardruna. Là se joue un tout autre spectacle à base de paganisme scandinave et de magie runique. Dépaysement garanti: derrière des pieds de micros croulants sous des amulettes façon "Blair-Witch" la silhouette de trois offciants tout en noir se découpe sur une lumière dorée. Un peu en retrait, entouré d'ombres mystérieuses, un quatrième lascar en total look peau-de-lapin martelle un tronc d'arbre avec deux grosses branches. La musique est au diapason de ce décorum: elle déploie de sombres mélopées aux rythmes obsédants et aux vocaux guturraux, sans doute propres à émoustiller les Esprits des forêts et des fjörds, mais beaucoup moins les oreilles de votre serviteur. Bouh, même pas peur ! Je ne serai pas surpris d'apprendre un peu plus tard que l'instigateur de cette grand-guignolade vient du death métal et aurait sans doute dù y rester.
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Je monte à la seconde salle du même Grand Théatre pour y voir - enfin ! - le Mari Boine band. Je dis enfin, car ce concert, ça fait sans doute, combien ?... dix ou quinze ans que je l'attends. J'ai toujours porté de l'intérêt aux musiques traditionnelles du Grand Nord en général et à Mari Boine en particulier, surtout après avoir vu - il y a très longtemps de cela - un excellent documentaire qui lui était consacré sur Arte. Ce rendez-vous était donc l'aboutissement d'une longue attente qui fut, ce soir-là, presque totalement récompensée. Le "presque" vaut pour les moments où Mari Boine lâche un peu trop la bride à ses musiciens et qu'ils se lancent dans de longs solos jazzy. Rien de tel pour briser la scansion hypnotique des morceaux et c'est dommage, car lorsque celle-ci est respectée, ces longues pièces répétitives - on en a heureusement eu la preuve en plusieurs occasions - sont capables de vous emmener très haut. Ou peut-être au contraire très profondément en vous, dans un état second proche de la transe chamanique. Les amuseurs de Wardruna - présents dans la salle - pouvaient en prendre de la graine ! Pour respirer un peu entre ces pièces de résistance, Mari Boine nous avait également reservé quelques ballades d'une beauté immaculée. Malgré les années qui passent, son chant reste d'une précision tranchante. D'une étonnante sobriété sur les ballades, il décolle littéralement sur les improvisations en joik, le chant traditionnel du peuple Saami dont Mari Boine est sans doute la représentante la plus connue. Le language articulé disparait alors et viennent s'y substituer des sons primitifs appris de la nature et des animaux, dont on peut douter parfois que des cordes vocales humaines puissent être responsables. Ceci sans que jamais n'entre en jeu la notion frelatée de performance. Au contraire, tout ici reste authentique et naturel. Ces moments rares auront fait de ce concert - malgré ses mineures imperfections - ma première grande émotion du festival.
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www.myspace.com/royalrepublicsweden
www.myspace.com/wardruna
www.wardruna.com
www.myspace.com/boine
fr.wikipedia.org/wiki/Mari_Boine_Persen