Ce que préfère dans un festival, c'est de me faire surprendre. Aller voir un groupe dont je n'avais jamais entendu parler ou dont je n'attendais rien, et rester scotché. L'édition 2006 d'Eurosonic m'aura encore offert ce petit frisson avec la découverte d'Existensminimum. Derrière ce drôle de nom se cache non pas un groupe mais une seule personne, en l'occurence le Suédois Magnus Henriksson, connu déjà pour être le batteur des très populaires ( dans son pays) Moneybrothers. Existensminimum est son projet solo. Enfin, solo, façon de parler, car suivant un courant très en vogue actuellement, notre homme s'est entouré d'une véritable tribu d'une bonne dizaine de musiciens. Un sacré personnage cet Existensminimum ! Imaginez un mélange de Bonaparte et de Dennis Hopper jeune, évoluant constamment sur un fil tendu entre candeur et arrogance. Son jeu de scène est parfois étrangement théatral, à d'autres moments complêtement déjanté. Et sa musique souffre de la même schizophrénie. La plupart du temps, Existensminimum pratique une pop bricolée mais sophistiquée , pour laquelle il utilise toutes les possibiltés de son groupe: cuivres ouatés, électronique discrète, fins entrelacs de guitare. On retrouve ici un son typiquement suédois, proche de groupes comme The Concretes, The Plan ou Jens Lekman, mais aussi l'influence des musiques de films 60's ou de la variété haut de gamme d'un Jim Webb ou d'un Burt Baccharah. Et puis en un instant, tout peut basculer dans le bruit et la fureur. C'est très déstabilisant. On est en train de flotter doucement sur une musique de John Barry et en l'espace une seconde on se retrouve plongé dans un fracas de guitares électriques et de saxes free.
C'est d'ailleurs dans un chaos indescriptible que se termine le concert. Après avoir escaladé les amplis, être tombé de scène la tête la première et avoir escaladé un poteau dans la salle jusqu'au plafond, Existensminimum disparait définitivement dans la foule. Son groupe continuera encore cinq bonnes minutes à dézinguer méthodiquement ses instruments avant de disparaître, lui aussi.
Revenant dans la même salle pour un autre concert quelques heures plus tard, j'eus la très bonne surprise d'y retrouver quelques singles que Existensminimum avait laissé derrère lui. Ils avaient manifestement servi de sous-verres et étaient un peu collés par la bière, mais restaient cependant très écoutables. D'ailleurs ils n'ont pas quitté mon lecteur CD depuis. Un album est prévu avant l'été. Je vous ferai signe à ce moment là...
EXISTENSMINIMUM : " Running down everyone" ( sur l'EP du même nom)
EXISTENSMINIMUM : " From me to you" ( sur l'EP " The on and on", 2004)
EXISTENSMINIMUM : " From me to you" ( vidéo)
Achetez les disques d'Existensminimum ( vivement conseillé, ne serait que pour le " Radio LXMBRG remix" de From me to you, très supérieur à la version proposée ici, et l'extraordinaire morceau électro qui referme le disque). L'ep est vendu en package avec deux autre productions du même label, mais pour vraiment pas cher. Sinon, on peut le télécharger légalement pour moins de trois euros ici.