Avec l'heure qui avance et les salles qui ferment, le public est de plus en plus nombreux à se retrouver sur les mêmes concerts. Bien que situé en plein centre, le AA theatre se cache dans une petite rue discrète et à ma grande surprise j'y pénètre sans problême pour le concert des autrichiens M185. Il y a six mois, je n'avais jamais entendu parler d'eux, aujourd'hui je réécoute en boucle leur troisième album "Let the light in", un grand disque de rock à guitares comme on n'en avait pas entendu depuis longtemps, serré, tendu, nerveux, près de l'os. Sur scène, le groupe a de la prestance. Le chanteur est à l'image de sa musique, élégant et sec comme un sarment. Sa guitare répond à celle de son voisin sur la trame hypnotique des morceaux que propulse une frappe claire et précise. Plus qu'à la scène post-punk à laquelle M185 est souvent assimilé, on pense plutôt a cette dynastie rock américaine née avec le Velvet et continuée par des francs-tireurs comme Band Of Susans ou Thin White Rope. D'un répertoire de haute tenue surgissent quelques fameuses pépites: Avec ses vocaux parlés plus que chantés, "Space Bum Rocket Kid" est un modèle de tension retenue, toujours au bord de l'explosion sans jamais y céder. "The city and the beat" offre un autre grand moment sur le fil, scandé par le hachage des guitares qui se répondent. Et "The rift" est un tourneboulant climax en montagnes russes de près de dix minutes. A la fin du concert, le saxophoniste américain Stephen Mathewson vient se joindre au groupe à la manière de Steve MacKay chez les Stooges. L'homme a beau afficher une coolitude imperturbable et un quart de siècle de plus que ses compagons, ses envolées free font encore monter la température de quelques degrés. Si c'est sur scène qu'on peut juger réellement de la valeur d'un groupe, M185 a ce soir-là brillamment surmonté l'épreuve.
Mon idée était de quitter le concert de M185 avant la fin de manière à ne pas arriver trop tard à celui des danois Iceage. Finalement, j'étais resté jusqu'au bout et lorsque j'arrive à Vera, c'est trop tard, la salle est pleine et une longue file s'étire devant la porte. Pour tout arranger, il se met à pleuvoir. Il est une heure vingt, j'en ai plein les jambes sans parler des oreilles qui commencent à bien saturer. Allez, dodo, c'est pas tout ça, mais demain ça recommence...
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