Après tous les décibels encaissés la veille, quoi de mieux que la musique de Tunng pour commencer la deuxième journée du festival ? Justement, le groupe anglais se produit l'après-midi en showcase à Plato. Affichant une totale sérénité et un look néo-hippie (barbes, cheveux longs) en accord avec leur musique, le quatuor nous régale de quatre ou cinq chansons qui confirment l'urgence de se procurer leurs deux albums. En les voyant sur scène, je comprends mieux pourquoi, dans le précédent post que je leur avait consacré, j'avais dressé un parallèle entre Tunng et The Kings Of Convenience. Car c'est bien l'influence de Simon & Garfunkel - également une source d'inspiration limpide chez le duo norvégien - qui semble sous-tendre en permanence les chansons de Tunng. Et ceci bien qu'ils se réclament plutôt des folk-singers britanniques des années soixante. D'autres autour de moi citeront également Four Tet. Mais là où l'électronique constitue véritablement la base de la musique de ces derniers, elle n'est, chez Tunng, qu'un simple élément parmi d'autres. Retirez-là, et leurs chansons n'en resteront pas moins splendides. Un très joli moment.
Le soir venu, par qui commencer ? Je n'aime pas beaucoup l'album des belges Montevideo, et les Néerlandais Taxi To The Ocean, déjà vus ici-même en 2006, m'avaient ennuyés. Restent les italiens Yo Yo Mundi, les anglais The Girls et l'islandais Pétur Ben. Allez, essayons ce dernier, d'autant plus qu'il joue au Stadsschouwburg, un chaleureux théatre à l'italienne tout en velours et en stucs dorés où les années précédentes j'avais vu Ghinzu et El Tattoo Del Tigre. Mais dés qu'il apparait sur scène avec son look bien étudié et son groupe de mercenaires, il est évident que j'ai tiré le mauvais numéro. Ce garçon a manifestement confondu Eurosonic avec l'Eurovision (Quoique... depuis que ces derniers consacrent des groupes Heavy-Metal déguisés en monstres, on a un peu perdu nos repères...). Un deuxième morceau, pire que le premier, et c'en est assez. Il n'aura même pas droit à une photo. Que faire, à présent ? Si je tentais Anna Ternheim, que je n'ai pas eu encore l'occasion de voir sur scène malgré ses nombreux passages en France ? Seul problème, le vendredi soir, le public est encore plus nombreux que la veille, et bien que la soirée soit à peine commencée, il y a déjà la queue devant De Spieghel. Tant pis, direction le Shadrak juste à coté où se produisent les italiens Julie's Haircut. Je connaissais de ce sextet un EP très indie-rock sorti en 2003. Mais depuis beaucoup de choses ont changé. Composée la plupart du temps à base d'improvisations, la musique de Julie's Haicut affiche désormais un néo-psychédélisme de belle facture qui rappelle furieusement le Pink Floyd originel (Période "A Saucerful of Secrets" et "Zabriskie point") et le krautrock des débuts 70's (ce que viendra d'ailleurs confirmer une reprise de Can). Mais qu'on ne s'y trompe pas: ces italiens n'ont rien pour autant d'un simple groupe "revival". Loin d'être confinée dans le passé, leur musique fait preuve d'un son tout à fait contemporain, qui marie l'électronique au fracas des guitares et fait souvent preuve d'un beau pouvoir hypnotique. Proche dans son inspiration de groupes français comme Steeple Remove ou Cyann & Ben, Julie's Haicut reste assurément à découvrir.
Après Julie's Haircut, je me paie un petit sprint jusqu'à De Beurs pour y voir les norvégiens 120 Days que j'avais loupé à la récente soirée Spot On #1 à la Flèche d'Or (ils passaient après l'heure du dernier métro). Le concert est déjà bien commencé lorsque j'arrive, et la salle est bondée. Sur scène, 120 Days confirment qu'il sont bien les petits branlotins que j'avais soupçonné au vu de leur photo de presse. Le chanteur ondule dans son t-shirt artistiquement déchiré, et se la pête un maximum, bien qu'il ait visiblement tout juste l'âge de boire des bières en public. Mais force est de reconnaître que la musique, puissante et répétitive, génère un réel pouvoir d'envoûtement. Là encore, il est difficile de ne pas retrouver dans cette cacophonie soigneusement organisée l'influence évidente des groupes allemands du début des années 70. D'ailleurs, lors d'un long et mémorable morceau final, le groupe se lâche enfin. Le chanteur oublie ses poses pour entrer en transe et y entrainer tout le monde avec lui, musiciens comme public. De Beurs tout entier décolle, ce qui vaudra aux 120 Days une ovation bien méritée.
TUNNG : "Woodcat"
JULIE'S HAIRCUT : "Satan eats Seitan (Galactus remix)"
120 DAYS : "Come out (Come down, Fade out, Be gone) "