Ca n'arrive pas souvent, mais ça arrive: le morceau qui tue, le truc jamais entendu qui vous tétanise dés la première écoute. Là, c'était en 1995 sur "Secrets 8", une compilation de groupes Danois en quête de maison de disques. Le groupe s'appelait Vildensky, le morceau " Derude", et en 2 mn 46 il se passait plus de choses que sur bien des albums dans leur intégralité. Ca démarrait abruptement, comme si l'intro avait été coupée, sur une voix peu aimable chantant en Danois, une basse fuzz à la Hugh Hopper, des flux de guitares concassées, le tout sur un rythme soutenu de percussions industrielles. Puis arrivait le refrain, vaguement oriental au début, cavalcade façon Hopalong Cassidy à la fin. Et surtout, l'instrument soliste était... une clarinette ! Des trois autres morceaux du même groupe, un au moins, le lent " Groenne Sten", était tout aussi bon. Et les deux restants n'arrivaient pas loin derrière.
Vildensky ne devait malheureusement jamais égaler ce coup d'éclat, même si les albums qui allaient suivre - plus punk - préfiguraient déjà ce qu'allait faire quelques années plus tard un groupe comme le Kaizers Orchestra (N).
Anjourd'hui, Vildensky s'appellent Singvogel. Et s'ils continuent à produire leur propre musique, c'est surtout en accompagnateurs du poète Peter Laugesen qu'on les rencontre le plus souvent.
Né en 1942, Peter Laugesen, poète, écrivain, journaliste, critique d'art, traducteur, a publié à ce jour plus de 40 ouvrages dans les catégories les plus diverses. L'un de ses recueils " Building le bunker" a été traduit en Français aux éditions MEET. Bien qu'il ne soit plus disponible, on peut cependant en trouver encore quelques exemplaires ici. Et lire ce poême qui en est extrait:
ECLUSE / Le rock-musette de la révolution/ gronde dans le parc. Les lampions/ de l'anarchie sont allumés. / Un tableau d'apparences/ et de disparitions s'agite/ sur les eaux du lac./ Aujourd'hui, le port respire le même calme/ qu'une photographie de noirs/ peinant dans les docks du passé,/ silencieux come l'herbe dans le vent.../ Qu'allons-nous construire maintenant ?/ Un pont plus grand encore/ allant même jusque Portmouth ?/ Qui a besoin de transatlantiques/ battant pavillon panaméen et finissant/ leurs jours en croisières de luxe/ entre Oslo et Kingston ?/ A une distance sûre du feu/ les chauve-souris rapiècent/ leur dessin indépendamment du temps./ Le rêve est ainsi: une danse luisante dans l'obscurité./ Les mains et les pieds alourdis/ des pontons dans la chaleur.
PETER LAUGESEN ET SINGVOGEL : " Jägermeister blues" ( vidéo par Jesper Maintz)
SINGVOGEL : " Lampefeber" ( vidéo)
PETER LAUGESEN ET SINGVOGEL : " Apparatets skygge"
SINGVOGEL : " Kvarter"
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