Il faudra bien un jour rendre justice aux Nightblooms, grands oubliés - parce qu'ils n'étaient pas Britanniques ? - des encyclopédies du rock au chapitre " Noisy pop". Et pourtant, à l'orée des années 90, ce quatuor d'Utrecht était loin de faire pâle figure face aux Ride, Lush, Catherine Wheel et autres Slowdive qu'une nouvelle génération redécouvre actuellement avec avidité.
Leur premier album ( 1992) est un modèle du genre, téléscopage hardi d'harmonies éthérées et de guitares fracassantes, où surnage la voix dédoublée, presqu'atone et pourtant étrangement émouvante d'Esther Sprikkelman. C'est là que se trouve en outre l'immaculé " Butterfly Girl". Un morceau qui, presque 15 ans aprés sa sortie, n'a rien perdu de son pouvoir d'envoûtement, " Single de la semaine" à l'époque dans le NME et moment d'émotion intense pour le chroniqueur maison qui écrivait : " On pourrait traverser des mers rien que pour mettre la main sur un disque pareil ! "
Sorti l'année suivante sous une pochette pastichant le " So far" de CSN&Y, le second album " 24 days at Catastrofe café" était une toute autre affaire, présentant deux facettes très différentes des Nightblooms. Sur la première face, un enchainement varié de courtes chansons dans la continuité logique de l'album précédent, bien que plus pop et moins noisy. Sur la seconde, le groupe décollait dans de longues pièces hypnotiques et semi-improvisées, parfaits réceptacles pour les envolées flamboyantes et acides de l'inspiré guitariste Harry Otten ( les 10 incroyables minutes de "Shatterhand").
Aprés ça... le silence. Pendant prés de huit ans. Et même plus encore, car je suppose que nombre d'anciens fans des Nightblooms ignoraient qu'Esther et Harry étaient reparus début 2001 sous le nom de Safe Home, sortant alors une série de cinq 45 tours sur leur propre label " Angels In Space". Ce n'est qu'un peu plus tard qu'on les a découverts, lorsque le label Américain Sunday Records s'est décidé à les réunir dans une compilation intitulée " You can't undo what's already undid". Quelle émotion pourtant de retrouver cette voix qu'on croyait disparue à jamais, et cette musique, qui bien sûr n'a maintenant plus rien de noisy, mais que certains morceaux de Nightblooms laissaient cependant présager. Une musique d'une touchante délicatesse, légère et cristalline, que quelques critiques avisés ont comparé à celle d'un autre groupe méconnu ( culte, celui-là), les Young Marble Giants.
Mais quelle que soit la qualité de cette collection de chansons, on attendait toujours que Safe Home sorte son véritable premier album. Bonne nouvelle, l'attente est presque terminée ! L'album s'appellera " The wide wide world and all we know" et sortira à la mi-octobre sur Now Here Records, un label créé tout spécialement par un admirateur du duo ( Paul Fugazzoto II, également leader du groupe américain Crane Orchard). Rares sont les groupes encore capable aujourd'hui de susciter ce genre de réaction chez leurs auditeurs, ce qui révèle bien les liens étroits qui relient Safe Home à son public. Il ne tient qu'à vous de rejoindre la confrérie.
Tous les titres suivants sont extraits en avant-première de " The wide wide world and all we know".
SAFE HOME : " They say it"
SAFE HOME : " Leda"
SAFE HOME : " After the shock"
SAFE HOME : " Twilight wunderkind"
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